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    Albany
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    Message  Albany Lun 31 Mar 2008, 3:48 pm

    Voici les deux premiers cours magistraux combinés en un seul bloc pour plus de lisibilité. Je peux aussi fournir le fichier texte (.doc ou .odt) par mail.

    NB : La syntaxe est relativement rude.
    j'avais oublié l'intitulé Embarassed

    Table des matières :
    1 Explication de l'intitulé
    2 Présentation du corpus

    2.1 Le Tambour
    2.1.1 Auteur
    2.1.2 Oeuvre
    2.1.3 Contexte

    2.2 La Valse aux adieux
    2.2.1 Auteur
    2.2.2 Oeuvre
    2.2.3 Contexte

    2.3 La Tache
    2.3.1 Auteur
    2.3.2 Oeuvre
    2.3.3 Contexte

    1 Explication de l'intitulé

    Il s'agira de montrer le croisement possible entre la dimension individuelle et la dimension collective dans l'histoire. Autrement dit, le but sera d'étudier les rapports qui existent entre l'histoire et la petite histoire, c'est-à-dire celle de l'individu. Les trois textes du programme sont placés dans un ancrage historique très précis. Le Tambour c'est l'Allemagne de la 2eGM, La Valse aux adieux se passe dans une petite ville en Tchécoslovaquie, après l'invasion russe et le dur régime socialisme ainsi mis en place, puis le texte de Roth fait allusion au scandale de l'affaire Levinsky.
    Sont donc mis en scène les parcours individuels de plusieurs personnages, mêlés au parcours historique d'un pays, symbolisant la manière dont on mêle grande et petite histoire. Cela implique d'étudier la façon dont la grande histoire agit sur la petite.

    Egalement, il faudra s'intéresser à l'étude du lien entre les événements historiques et la fiction. Cela pose des problèmes, nous sommes dans des romans, comment parler de ce qui est réel dans des textes de fiction? On fait forcement subir une sorte de distortion à l'histoire. Le vécu se prête mal au traitement romanesque, d'où l'existence de distortions inévitables.
    On a affaire à une histoire pas objective et assez intimiste, elle est vu et lue par des personnages précis. On a des personnages et narrateurs qui cherchent à relire l'histoire à travers leurs propres vécus, à montrer la manière dont l'individu la traverse, la vit et la ressent, d'où l'importance du sentiment, d'une histoire qui devient affective.

    Il y a un lien ambigu à établir entre histoire et invention. Dans quelle mesure l'histoire peut conserver de l'authenticité lorsqu'elle est introduite dans de la fiction? On va avoir affaire à une histoire retravaillée dans un but artistique. Elle est vue à travers des consciences, donc subjectives, mais l'historien lui cherche à être objectif, ce n'est pas du tout le regard du romancier. Nos projets ne sont pas scientifiques mais artistiques. Le but n'est pas d'être fidèle à l'histoire, mais de l'utiliser et de s'en nourrir pour créer une trame romanesque, et en même temps de la recréer complètement à des fins esthétiques. On étudiera l'exemple dans Le Tambour aux allusions diverses de la 2e guerre mondiale dont la nuit de Cristal.

    Le but est donc aussi de transfigurer l'histoire pour qu'elle serve les fins artistiques du romancier. Revient donc le problème du rapport entre fiction et réalité, l'histoire qui devient subjective, qui est recréé artistiquement.. l'histoire permet aussi à l'auteur de se faire critique et de poser un regard sur le monde qui l'entoure, sur sa société.

    On a au fond des textes avant tout artistiques mais qui sont aussi engagés. Cependant, pas de déséquilibre de l'oeuvre, les auteurs gardent un bel équilibre entre la part de critique, d'engagement et la part artistique. On ne tombe pas dans de l'art engagé froid et sec, tout est fiction et y reste le plaisir de la lecture. Intrigue dense, personnages colorés..


    2 Présentation du corpus

    2.1 Le Tambour - Die Blechtrommel


    2.1.1 Günter Grass

    Auteur de langue allemande très célèbre, il a entre autre obtenu le prix Nobel en 1999. Il est né en 1927 à Dantzig. Artiste protéiforme, écrivain avant tout mais surtout romancier et poète, il a aussi été musicien amateur surtout dans sa jeunesse, mais il est surtout dessinateur et sculpteur.

    Entre 49 et 52 il fait d'ailleurs des études de beaux-arts à Dusseldörf (autre ville du Tambour).
    Il a grandi avec le nazisme et de 1937 à 1941 il est membre de Jungvolk, premier embrigadement. De 1941 à 1944 il est dans la jeunesse hitlérienne. En 1944 il devient auxiliaire dans l'armée de l'air puis soldat, il participera à la guerre jusqu'en 1945. Le livre qu'il a publié a fait scandale à cause de sa jeunesse.
    Il est blessé en 1945 et est fait prisonnier par les américains dans un camp américain. Les américains emmènent les prisonniers dans le camp de concentration de Dachau pour leur faire voir les atrocités commises par leur camp. A ce moment-là les prisonniers n'y croient pas et ce n'est qu'avec les procès de Nuremberg que les allemands comprendront ce qui s'est vraiment passé, d'où prise de conscience et d'où Tambour.

    En 1946 il est libéré et renonce à son bac, et multiplie les petits travaux. Il voyage dans le même temps, en 1954 il se marie et en 1956 il part s'installer avec sa femme à Paris et y écrit le Tambour assez rapidement. Il obtient un prix pour ce livre en 1958, prix décerné par le Groupe 47. C'est en 1959 que le livre paraît en Allemagne.
    D'autres oeuvres vont suivre, dont notamment celles qui font la trilogie de Dantzig, dont Le Chat et la souris 1961, et en 1963 Les Années de chien. Il écrit beaucoup de textes, en général des romans, jusqu'à cette autobiographie déguisée : Pelures d'oignon. Il n'écrit pas ce texte pour être pardonné ou recevoir de la complaisance mais il accepte enfin de se confronter à lui-même.

    Grand auteur littéraire mais aussi citoyen engagé, c'est une manière de faire retour sur soi après ce passé nazi et toute sa carrière littéraire va aussi être politique, il s'engage notamment à gauche et dit qu'il rejete tous les extrêmes et se méfie de toutes les idéologies. Il choisit donc la voie moyenne avec le socialisme et est l'ennemi de la droite traditionnelle de l'Allemagne. Il va devenir l'ami de Willy Brandt qui va être chancelier allemand. Dans de nombreux voyages il l'accompagnera. Brandt est le successeur d'un autre chancelier qu'il a connu, Konrad Adenauer, chancelier de 1949 à 1963. Grass est radicalement opposé à sa politique, qui prône la reconstruction du pays et met en place la réforme monétaire. Pour Grass, cet homme va de l'avant sans assumer le passé, d'où pour lui une reconstruction artificielle. Il apprécie que Brandt cherche à revoir le passé nazi et à demander pardon. C'est aussi celui qui cherche à rapprocher les deux blocs allemands. Et s'approche aussi des pays de l'est.
    Il mène constamment cette carrière d'écrivain et d'homme politique.


    2.1.2 L'oeuvre

    Publié en 1959, il fut écrit à une vitesse prodigieuse. Livre essentiel de la littérature allemande mais aussi mondiale. Pourquoi avoir écrit ce livre? C'était une manière de rendre compte du passé violent de son pays. Il explique le fait qu'il devait parler pour pouvoir vivre avec ce passé. L'intention de Grass était de réveiller le peuple allemand et c'est ce que fait Oscar dans le roman avec son tambour. Finalement Günter Grass est le premier qui a osé évoqué le passé nazi.

    Grass se dresse contre le refoulement total qui a eu lieu. Il faut revenir sur le passé pour pouvoir l'assumer. Cela lui a valu de nombreuses injures et même des procès. Accusé même d'être sataniste, on a vu dans son oeuvre quelque chose de démoniaque. Cependant le livre connaît un grand succès, tout le monde l'achète et le lit. Il a donc touché là où ça faisait mal, les gens ont été scandalisés car Grass dressait un portrait négatif de l'Allemagne en sachant qu'il avait raison. Part de honte enfouie au fond de lui.

    Grass émet une grande et nouvelle idée, celle que tout le monde était responsable du nazisme et de ses conséquences terribles. Grass dit que la faute revient à chaque citoyen allemand. Ce système a pu se mettre en place à cause d'eux, problème de la passivité du peuple. Chaque citoyen est fautif et coupable.
    Grass est resté très longtemps le fils mal aimé de l'Allemagne, entretenant des rapports difficiles avec son pays. « Günter Grass, un écrivain à abattre ».


    2.1.3 Contexte

    Dans le Tambour le contexte historique est très important. Le roman est en trois parties, Oscar traverse toute l'histoire allemande. On le suit de sa naissance jusqu'à ses trente ans. Il décide d'écrire son histoire à cet âge-là, dans un hopital psychiatrique. L'histoire commence avant la naissance d'Oscar, dans un champ de pommes de terre en 1899. On assiste à la rencontre entre la grand-mère Anna et le grand-père incendiaire. Oscar naît en 1924, on aura ensuite tout l'épisode de la deuxième guerre mondiale ainsi que ce qui suit, puis se termine en 1954. Par l'intermediaire d'un personnage, on traverse une période de l'histoire allemande qui s'étend sur 55 ans. Les épisodes principaux retracés sont ceux de la 2GM, centrale dans le roman. La première partie du roman se déroule avant cette guerre, elle sera racontée dans le deuxième lettre qui commence avec la prise de la Pologne. Des épisodes importants on peut retenir notamment La Nuit de cristal, elle se passe du 8 au 9 novembre 1938 et marque le début des crimes contre les juifs.

    Ensuite on traverse toute la guerre et on arrive à l'entrée des russes dans le pays en 1945. Les russes arrivent en Allemagne de façon assez violente, on a un épisode de cette arrivée dans le livre. Toute cette guerre est évoquée puis on passe dans une troisième partie avec un changement radical. Oscar part habiter à Dusseldorf. En même temps, le personnage décide de grandir. Il grandit dans un wagon mais la croissance ne passe pas sans trouble. Oscar va devenir très bossu et difforme. Il accepte de montrer son âge réel et qu'il a intellectuellement grandi.

    Début des années 50, grande période de reconstruction pour l'Allemagne, tant sur le plan matériel qu'économique. Le pays est ruiné. Elle se fait sous Adenauer. Un des grands épisodes de cette reconstruction est la réforme monétaire de 1948. Pour Grass cet événement est négatif. Reconstruction économique ne veut pas dire reconstruction morale. Pour lui, l'Allemagne aurait ici tendance à oublier ses crimes. C'est ce qui est dénoncé dans la troisième partie.



    En ce qui concerne le lieu : les deux premières parties se passent dans la ville de Dantzig. C'est une ville au statut particulier. Sur le plan géographique et historique elle n'appartient à aucun pays. Elle appartenait à la Prusse jusqu'en 1920. A partir de 1920 elle devient ville libre, n'appartenant à aucun pays, mais reste sous contrôle de la Société des Nations. Oscar y fait allusion dans le texte dans le deuxième chapitre. Déclarée état-libre. En 1945 elle est bombardée par les Russes, en 1939 par les Allemands qui la récupèrent. Les nombreux allemands qui y habitaient en sont expulsés après la guerre et la ville devient polonaise. C'est une ville qui a un lourd passé, partagée entre la Prusse et la Pologne. On a donc affaire aussi à une population mixte : on avait des allemands, des polonais et les cachoures.

    C'est un peuple slave representé par la mère d'Oscar. C'est un peuple qui a ses propres coutumes, propre folklore et propre langue. La grand-mère parle cette langue. Les cachoures ont un territoire au nord-ouest de Dantzig. La Cachourie. Les Cachouk à Dantzig ont un problème d'identité, ils ne sont ni allemands ni polonais. La grand-mère pose ce problème dans le roman. Elle dit le problème de ce peuple pris entre deux autres nationalités.


    Dernière édition par Albany le Mar 01 Avr 2008, 9:29 am, édité 2 fois
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    Message  Albany Lun 31 Mar 2008, 3:48 pm

    2.2 La Valse aux adieux - Valčík na rozloučenou


    2.2.1 Milan Kundera


    Ecrivain tchèque, né en 1929, il grandit dans un milieu artistique car son père est pianiste et musicologue. Depuis sa naissance il baigne dans cette enfance artistique et apprend très tôt à jouer du piano. La musique va lui apprendre à penser de manière artistique. Idée de construction musicale de l'oeuvre. Kundera ne se destinait pas à une carrière d'écrivain, le cinéma l'intéressait et il fut donc inscrit à l'école supérieure de cinéma de Prague, pourtant dès 1953 il écrit un premier livre, un receuil de poèmes lyriques.

    C'est en 1967 qu'il va écrire son premier roman, première oeuvre capitale, La Plaisanterie. Il mène une carrière artistique mais est aussi engagé politiquement. Kundera est lui-même communiste et fait partie du parti, mais est souvent en désaccord avec lui. En 1970 il en est définitivement exclu. Il reproche à son parti son durcissement depuis deux ans et de tombef dans le stalinisme. On va lui retirer son poste d'enseignant car il n'est pas assez docile politiquement. Par la même occasion on retire ses livres de la vente et on lui interdit de publier quoi que ce soit, il est donc victime de la censure et décide de quitter son pays pour la France.

    Il enseigne alors à l'université et mène une vie beaucoup plus tranquille. En 1979, les autorités vont jusqu'à lui retirer sa nationalité tchécoslovaque et il est naturalisé français. Encore une fois, un parcours atypique.

    La césure est importante. L'oeuvre est à cheval entre les deux périodes : tchèque et française. Il a appris la langue au point de finir par écrire en français, déçu par les traductions qu'on lui faisait.

    La période tchèque est la plus importante et va de 1967 à 1990, il écrit toujours en France. Il écrit beaucoup, le dernier en date est Immortalité. Au milieu de cette période, La Valse aux adieux est publiée en 1976. Son plus grand succès, de 1984, L'insoutenable légéreté de l'être.
    La période française, qui commence en 1995 est toujours en cours. Commence avec le roman La Lenteur, la dernière publication en date est en 2003, L'Ignorance. Il théorise aussi beaucoup. L'art du roman.


    2.2.2 L'oeuvre

    A cheval entre les deux périodes. Il est écrit en tchécoslovaquie, mais n'avait plus le droit de publication. Il le sera plus tard, en France en 1976. Roman charnière à cheval entre ces deux périodes. Ca se voit dans le roman lui-même, jusque dans le titre. Le personnage du livre va s'exiler et quitter son pays définitivement, cela fait référence à la biographie de Kundera.

    Un autre titre était prévu : Epilogue. Kundera disait que pour lui c'était son dernier roman, ce qui n'a pas été le cas. Roman qui coïncide avec l'émigration en France. Il quitte un pays qu'il aimait, mais un pays qui n'avait plus de culture. « J'ai vécu à Prague la fin violente de la culture occidentale ». Insistance sur la perte au niveau intellectuel et artistique.


    2.2.3 Contexte

    Texte à cheval entre deux pays. Au sein même du roman on a pas énormément de précisions historiques, en tout cas pas de dates. Il se déroule sur cinq journées, du lundi au vendredi. Temporalité très concentrée, pas d'années, pas de dates précises, simplement un lieu : une ville d'eau où des femmes viennent se faire soigner. Le cadre spatio-temporel est volontairement imprécis. Kundera ne cherche pas à situer son texte dans le temps. Il y a une volonté de se cacher du contexte. L'auteur ne veut pas être tributaire de son statut.
    On sent quand même un climat assez aride. Les gens ne sont pas à l'aise dans cette ville. Ca fait référence à la date d'écriture du texte, au contexte du pays slovaque.

    Rappellons les événements historiques : la tchécoslovaquie était un pays communiste mais relativement indépendant par rapport à l'URSS. En 1968 a eu lieu le Printemps de Prague. C'est le moment où les chars soviétiques envahissent la capitale du pays pour y rétablir l'ordre et le mettre sous tutelle politique. L'URSS veut imposer son contrôle sur un pays qui lui semble laxiste. La tchécoslovaquie va passer d'un socialisme relativement modéré au stalinisme. Les individus se retrouvent sous tutelle, censure, délations, persecutions politiques et surveillance constante. Les libertés individuelles sont mises en cause, notamment la liberté d'expression. Cet épisode est relaté dans le roman le plus célèbre de Kundera, l'Insoutenable légéreté de l'être.

    Cela dure jusqu'en 1989, date de la chute du mur de Berlin. A ce moment-là, la tutelle sur la tchécoslovaquie cesse, elle retrouve son indépendance. C'est en 1992 qu'elle se scinde en deux pays indépendants : la slovaquie et la république tchèque.

    Kundera se contente de suggérer un climat de terreur qui a envahit le pays et qu'on sent derrière l'apparence bien proprette de cette petite ville ; elle est faussement calme et elle cache une situation étouffante pour les individus qui y résident. Nous n'avons que quelques allusions au régime politique mais elles sont nettes. Il est question par exemple de la censure artistique, donnant l'idée que les arts doivent se mettre au service du parti. C'est le musicien Klima qui y fait allusion à la page 33. Il dit qu'il existe une commission choisissant ce qui doit être joué et ce qui ne doit pas être joué. Il parle « du rôle de la musique dans l'édification du socialisme ». Une autre allusion est faite au sujet de la commission des avortemens, rentrant dans l'intrigue. L'avortement n'est pas accordé à toutes les femmes. La populatio est donc soumise à un contrôle des moeurs.

    L'impossibilité de quitter le pays est également évoquée. Les personnages sont pris au piège d'un territoire. Les entrées et les sorties du pays sont extrêmement surveillées. Idée du départ impossible. Ici, le personnage obtient une autorisation exceptionnelle de sortir. Jakub a fait partie longtemps du parti communiste et explique qu'il y avait beaucoup de dénonciations, de mise en place de terreur au sein même du parti communiste. Jakub a lui-même été victime de dénonciation puis de prison.

    Il est question d'un autre personnage, le père d'Olga. Il a fait partie de ceux qui ont dénoncé Jakub. Lui-même fût dénoncé et condamné à mort. Idée de dénonciation constante, d'insécurité, du passage de bourreau à victime.

    Par tous ces éléments, Kundera renvoie discrétement mais certainement au contexte politique de l'époque. Il reste un élément très net, la fameuse brigade anti-chien. Kundera disait que c'est par cet élément là qu'il avait voulu suggérer le climat de terreur du pays. C'est un épisode historique. « Dans les années qui ont suivi l'invasion russe, la terreur de la population fut organisée par des massacres de chien ». Cette brigade apparaît comme un contrepoint burlesque dans le roman mais également révélateur de ce qui se passe dans le pays. Il en est question pour le père du personnage principal. Il lui explique que les chiens sont devenus un fléau. Kundera veut dire toute l'inhumanité qui s'est mise en place derrière cette idée d'ordre exacerbé. On en parle p.64 et c'est développé p.77.


    2.3 La Tache - The Human Stain


    2.3.1 Philip Roth

    Texte de démocratie, beaucoup moins tragique. Roth est un auteur juif américain, il est né en 1933 et fait ses études à l'université de Chicago. Il devient professeur de littérature à l'université de Pennsylvanie jusqu'en 1992. Aujourd'hui il vit dans le Connecticut, finalement pas très loin de là où il est né. Il écrit beaucoup et on peut dire que dans cette oeuvre assez dense il y a deux grands cycles.

    Organisés autour d'un personnage récurrent de ses fictions. David Kepesh. Professeur d'université, on s'intéresse à sa vie privée dissolue à travers trois grands romans qui sont espacés dans le temps. Le Sein en 1975, Professeur de désir en 1977, la Bête qui meurt en 2001.
    Le deuxième cycle est celui de Nathan Zuckerman. Kepesh était le professeur, Zuckerman est l'écrivain. Double face de Philip Roth. Le cycle Zuckerman nous intéresse. Un texte de 1986, La Contrevie ou de 1981 Zuckerman délivré. Et surtout trois textes début 2000, Pastorale Américaine et J'ai épousé un communiste, ainsi que La Tache. Ces trois textes forment une trilogie.

    Autres romans : Portnoy et son complexe date de 1969. Le Grand Roman américain en 1973 et plus récemment Le Complot contre l'Amérique. En 2006, son dernier texte, Un Homme. A coté de ça il a publié des réfléxions sur lui-même, son oeuvre et quelques auteurs qu'il apprécie notamment Kafka.


    2.3.2 L'oeuvre

    Troisième roman d'une trilogie, appartenant au cycle Zuckerman. Avec Pastorale Américaine et J'ai épousé un communiste, il forme une unité. Le personnage de Zuckerman est le narrateur qui nous conte l'aventure assez malheureuse d'un autre personnage, qu'il a connu et cotoyé. Dans les trois cas, les personnages sont aux prises avec l'histoire de leur pays. Dans Pastorale Américaine par exemple, nous avons un personnage qui avait tout pour réussir et qui entre autre va bombarder la poste. Avec J'ai épousé un communiste on suit un autre personnage, Ira, un communiste des années 1950. Aux prises avec le Mac Carthisme et devient pourchassé.
    Avec La Tache le contexte est très récent, le héros c'est Coleman Silk, il a un parcours particulier et se fait passer pour un juif. Doyen d'université, il va être renvoyé à quelques mois de la retraite en raison d'une formule malheureuse qu'il énonce en classe. Dans les trois cas nous avons des personnages aux prises avec l'histoire.

    Zuckerman joue le rôle de conteur, de témoin et de confident. Cette trilogie qui compare la petite histoire d'un individu à la grande a été appellée La Trilogie de l'individu. Dans ces trois textes, Roth change un peu de style et de thème et il s'inspire notamment du roman réaliste du XIXe siècle dans lequel le parcours individuel est toujours tracé au sein d'un panorama historique. La tâche complète et termine cette trilogie.

    Dans les trois cas l'action se passe dans la ville Newark. C'est la ville d'enfance du héros et aussi de Nathan Zuckerman. Il y a des moments de flashback où les personnages rappellent leur passé et où l'on revient à l'enfance de Coleman Sick. L'autre partie se passe dans un lieu retiré au fond des Bergshire. C'est dans ces montagnes que l'écrivain s'est retiré pour pouvoir écrire au calme loin de la ville.


    2.3.3 Contexte

    Contexte des années 90, en démocratie américaine. Roth considère qu'elle est dégradée. On l'a taxé d'anti-américanisme. Dénonciation d'un pays qui a trahi ses idéaux. Il s'agit de parler de cette dégradation.

    Elle est retracée à travers un scandale, l'affaire Monica Levinsky. Cette histoire était au départ d'ordre privée. C'était une secrétaire stagiaire avec Clinton. En Juillet 1998 elle accepte de reconnaître les faits en échange d'un statut d'immunité. Le titre de Philip Roth fait référence à la preuve de la robe. Le problème étant que le président a nié sous serment. D'où la procedure de l'impeachment. A partir de là le président a été rejugé, et on a voté pour ou contre sa destitution. Il fût acquitté et pu finir son mandat. Roth ne dénonce pas les actes du président, mais la confusion constante entre vie privée et vie publique ainsi que la présence d'une forme de complot. Derrière, le puritanisme américain est aussi fortement attaqué. Roth dénonce une bonne conscience bien pensante, completement etouffante d'une société finalement sclérosée. Problème pour Roth d'une société qui croit à la pureté.

    La Tache, c'est la souillure, l'existence de la faute et du péché. Roth remet en cause la tradition biblique judéo-chrétienne, pour Roth l'homme est né avec la faute, que tous les hommes naissent avec. Donc l'accusation ne tient pas debout. De cette manière on a un auteur qui s'en prend ici à la fameuse attitude du politiquement correct.

    Il met en parallèle Clinton et Coleman Silk, victimes d'un scandale et d'une machination. Coleman est jugé raciste, alors qu'il est d'origine noire. Sorte d'ironie du sort. Il y a un prétexte pour renvoyer le doyen. En verité les accusations sont tirées par les cheveux dans les deux cas. Coleman Silk dérange beaucoup. Le politiquement correct est l'attitude de gens soi-disant vertueux qui cachent des raisons égoïstes et intéressées. Attitude d'hypocrisie camouflée.





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