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    [CM6] Structure théâtrale dans La Valse aux adieux (BRUT)

    Albany
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    Messages : 21
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    [CM6] Structure théâtrale dans La Valse aux adieux (BRUT) Empty [CM6] Structure théâtrale dans La Valse aux adieux (BRUT)

    Message  Albany Mar 01 Avr 2008, 9:25 am

    Structure théâtrale
    Table des matières
    1 Le roman comme vaudeville 1
    1.1 Structure théâtrale du roman 1
    2 Raisons de Kundera pour utiliser cette forme 3
    2.1 Divertissement et art de la vraisemblance 3

    Avec ce roman on a une structure plus proche d'une pièce que d'un roman, il faut savoir qu'à lépoque où Kundera l'écrit, il écrivait aussi une pièce de théâtre : Jacques et son maître. Influence sur la valse aux adieux? Ces deux textes renvoient à l'art du vaudeville. Kundera reconnaît tout à fait la structure vaudevillesque de son texte. Il déclare que son roman est très théâtral et stylisé. C'est clairement affirmé.
    La différence c'est que Jacques et son maître est un vaudeville joyeux, tandis que l'autre la valse est noire. Forme légère pour parler de choses graves. ON verra ici les modalités dde cette forme du vaudeville.

    Manière dont c'est mis en oeuvre
    Le roman comme vaudeville
    Structure théâtrale du roman
    Composition théâtrale, cinq journés qui renvoient à cinq actes, chacun est numérotée, renvoie à des scènes qu'on aurait dans les actes. Les journées se succèdent comme dans une pièce de théâtre. En 1 et 2 on pose la situatio. On est tout de suite plongés dans un théâtre léger. La troisième journée est plus dense, on sent plus de poids. La journée 4 nous fait aller clairement vers le drame. Don du comprimé de poison, noeud du drame. En cinq, on sent qu'on va vers la catastrophe, et en 5 c'est le dénouement. On des intrigues résolues.
    Présentés comme début et fin de pièce de théâtre. A l'incipit lever de rideaux en deux paragraphes, on a une description de la ville d'eau qui nous permet de visualiser une sorte de décor sur la scène. Ces descriptions renvoient aux didascalies. A la fin on a vraiment une tombée de rideaux avec la sortie de scène des personnages. Le lecteur devient une sorte de spectateur qui assiste au déroulement d'une pièce. On retrouve aussi les fameuses trois unités. On a une sorte d'unité de temps, mais aussi de lieu. Il y a quelques entorses. Mais on a d'une façon globale une unité de lieu.
    Ce qui prime est l'unité d'action. Différentes intrigues se developpent et chacune ne part pas dans sa direction. On a une véritable cohérence et unité. Ces intrigues infléchissent l'une sur l'autre. Malgré les différentes voix tout concorde au final.
    Structure qui rappelle vraiment la pièce de théâtre.

    Qu'en est-t-il de la tonalité? On a ici une tonalité légère. Le vaudeville, par Kundera, c'est « une forme qui met enormement en valeur l'intrigue avec tout son appareil de coincidences innatendue's et exagerées ». Le vaudeville peut renvoyer à deux auteurs. Au 19e siècle, Eugène Labiche, mais aussi Feydeau au début du 2àe siècle.
    Cela rappelle aussi le marivaudage, à la fois par les histoires amoureuses qui sont présentées. Sorte de badinage à la Marivaux. Le vaudeville est une structure qui met en valeur des coïncidences, avec portée comique, ce qu'on retrouve dans LVA. Au départ, on a une intrigue de comédie. On a ici des situations qui priment sur les personnages. La structure du vaudeville est faite de rebondissements et toujours François Ricard parle de ces rebondissements qu'on trouve dans LVA. Ces péripéties du vaudeville on les retrouve ici. Mais on retrouve aussi le rythme alerte et soutenu qui est au départ de la vaudeville. Vivacité des enchainments.
    Le propre du vaudeville c'est une temporalité qui s'accelere pour provoquer le rire jusqu'au dénouement. On a des journées de plus en plus denses, folles, qui s'enchaînent sans qu'on puisse les arrêter. Ricard parle d'un prodige de virutosité narrative.
    Aussi, en raison des personnages. Ils sont plus poussés chez Kundera. Il joue avec les clichés de la comédie. Les personnages ont aussi une fonction narrative précise qui renvoie à un cliché de la comédie, comme le marivaudage au départ. Seuls deux personnages semblent échapper à cette réduction. On a quand même des clichés. Jakub est l'homme d'experience, cynique et blasé. On voit que les personnages sont pris dans des systèmes de triangles amoureux. Le premier triangle se double d'un deuxième, la femme, son amant officiel, son amant officieux. Situations qui fonctionnent à trois et se superposent.
    On retrouve donc le thème privilégié de la comédie, les relations amoureuses, et la situation la plus classique de ce ressort : le triangle amoureux.

    Les dialogues des personnages sont nombreux. On a beaucoup d'échanges, qui renvoient à un art de la parole comme au théâtre. On a par exemple des longs développements de certains personnages. Ces grands développements rappellent les tirades. En revanche, les moments avec des personnages seuls, cela nous rappelle le monologue de théâtre. Donc, tout ce qui est lié à la parole et l'échange rappelle les échanges de parole des pièces de théâtre.

    Chaque chapitre est centré en général autour d'une, deux ou trois figures. A chaque chapitre on a l'impression de changer de lieu, et de point de vue, de personnage. Sorte de ronde des points de vue, qui rappelle le titre, une sorte de valse des points de vue.
    On parle de polyfocalisation.

    Structure particulière du vaudeville.

    Troisième et dernier point : le narrateur et les personnages eux-mêmes qui évoquent un metteur en scène face à ses acteurs.
    Le narrateur est plus proche du metteur en scène que du conteur traditionnel. François Ricard y fait allusion page 234 de notre livre. Le narrateur se présente comme un metteur en scène. Nous avons trois occurrences majeures de ceci. p169, 202 et 300. Ici, le narrateur s'adresse directement au lecteur. Prenons l'exemple p169 : « (elle y restera jusqu'à la dernière nuit de notre récit) ». Intervention du narrateur pour donner des informations de décor au lecteur. Dans les deux autres cas, nous avons des allusions faites aux personnages. Le narrateur les compare à deux personnages jaloux qui interviennent à ce moment là dans l'intrigue. On a affaire à un narrateur qui connâit son récit, le maitrise, et donne des indications. Cela est qualifié de « metalepse ». Intervention du narrateur exterieur au récit qui intervient dans la diégese pour nous faire une remarque. Le narrateur se rapproche donc d'un metteur en scène qui construit sa pièce sous nos yeux, comme si nous, on bénéficiait de ces réflexions pour mieux comprendre le spectacle qui se déroule sous nos yeux.
    En conséquence, les personnages apparaissent comme des sortes d'acteur sur une scène. Klima a l'impression d'être sur une scène de théâtre. C'est la grande idée baroque du théâtre du monde. Il se voit comme un acteur en représentation. Un personnage est très théâtral : Berkleff. P162 Olga dit de lui qu'il est « ridiculement théâtral ». On a l'impression que Bergleff est constamment un être en représentation. De la même manière, Bergleff arrive toujours au bon endroit au bon moment. P222 : Ruszena est au café, stressée, elle s'apprete à prendre le poison. Mais Berg surgit de nul part et attrape le bras de Ruzsnea. Bergleff est une sorte de personnage miraculeux qui surgit pour dénouer la situation. Ce personnage rappelle un artifice théâtral. C'est ce qu'on appelle le DEUS EX MACHINA. Sorte d'artifice qui fait que l'auteur recoourt à un élément, personnage, situation, pour se sortir d'une impasse. Ici on a cet artifice.
    Tout cela fait que la composition même du roman renvoie à une piece vaudevillesque où le narrateur lui-même et les personnages sont théâtraux.

    Raisons de Kundera pour utiliser cette forme
    Divertissement et art de la vraisemblance
    Si Kundera recourt au vaudeville c'est parce que c'est le genre théâtral où l'invraisemblance est poussée à son paroxysme. On met tellement l'accent sur l'intrigue que tout apparaît artificiel. Cet artifice poussé à l'excès on le retrouve dans la valse aux adieux. Kundera reprend au vaudeville les jeux de coïncidences excessives. L'apparition soudaine de Bergleff. Les personnages sont toujours à l'endroit opportun au bon moment.
    Suite de hasards artificiels. Artifice aussi du lieu et du temps. On est dans une ville d'eau qui n'a pas de nom et qui n'existe pas. Sorte de nulle part. Le temps, c'est la même chose. Quelle année? A part quelques allusions historiques, rien ne nous le dit clairement. On est dans une sorte de flou spatio-temporel qui renforce l'artificialité de la pièce, du roman. Le but de Kundera, par tous ces artifices, c'est de pousser l'invraisemblance jusqu'à son artifice. Ce roman est celui dans lequel Kundera parodie le principe de vraisemblance.
    Parodie de ce principe, certes, parce que normalement ce principe régit toute création romanesque. LE principe de vraisemblance c'est ce qu'on a depuis Balzac. Kundera se dresse contre ce type de roman et rend au roman son artifice. Pour lui, c'est un principe asservissant. Il refuse d'être soumis à cet impératif. Il pratique un art romanesque invraisemblable. Quasiment théorisé par le recours au vaudeville. Il joue avec la vraisemblance pour la congédier définitivement. Il nous présente dans son raoman un simple jeu narratif, tout est jeu, tout est artificiel.
    Donc, insister lourdement sur l'invraisemblance du texte c'est rejeter un principe romanesque et donc avoir ici un vrai choix artistique. Manifester refus du réalisme. On a une atmosphère de jeu gratuit dans ce texte. Kundera veut jouer avec le roman en tant que divertissement. Il explique que ce roman divertissement était celui de Cervantes, de Rabelais. Que petit à petit il a été effacé. Donc ce choix du roman vaudeville c'est se détourner du roman à la Balzacienne pour aller vers Cervantès. Kundera se situe dans cette veine fantaisiste initiée par Cervantes. Ce sera ensuite Diderot.
    Kundera a la nostalgie de cette veine romanesque et décide d'y revenir et d'y rendre hommage. « Tous les romanciers en ont la nostalgie ». Kundera veut revenir au roman divertissement.

    Mais der(nier point ici : vaudeville noir.
    Ce dont il est question est quand même terrible. Les critiques l'ont bien ciblé. « sombre vaudevile sur l'amour et la mort ». On a parlé du rythme alerte du vaudeville et du roman. Provoquer le rire avec l'enchainement des situations. Ici on retrouve cet enchainement mais ça provoque pas un rire joyeux, léger. Cet enchainement des péripéties jusqu'à la fin montre le caractère implacable d'une catastrophe mécanique qu'on ne pourra éviter. On va vers le drame sans pouvoir l'empêcher. Tout échappe aux personnages, même l'issue. La situation dépasse l'individu. Kundera va jusqu'à étendre le comique du vaudeville à la mort elle même. Tout peut arriver à un personnage comique sur la mort.
    Kundera décide de mélanger tragédie et comédie. Il décide de faire intervenir la mort dans cet univers comique. Mais elle ne sera pas tragique pour autant. LE tragique n'existe pas chez Kundera car il n'existe plus dans le monde moderne. L'auteur utilise la mort mais la dépouille de tout son caractère tragique, de toute sa grandeur. La mort de rudzena se passe presque en silence. A la fin, les personnages sont joyeux etc. Tout le monde s'en fiche finalement de la mort. Et bé! Cette mort ne pèse rien, n'a pas d'importance. Elle est rendue au domaine du rire. Toute l'intrigue peut provoquer un sourire. Des choses cocasses.
    Une critique a eu l'expressio juste : « rire mécanique vicié de froideur ». Rire marqué par une froideur, glaçant. On voit que cette légereté est glaçante et notre rire est aussi très froid, dénué de toute joie. Mort dérisoire et finalement on rit face à quelque chose qui est de l'ordre de l'insignifiance, on se rend compte que rien n'a d'importance, c'est quelque chose de badin. Ce vaudeville qui est noir, permet à Kundera non pas de réveler une forme tragique par le rire mais simplement de montrer l'insignifiance des drames humaines. Le lecteur rit, mais ce rire masque une forme de vide, d'insignifiance. Le décalage entre fond et forme. Vider même de sa gravité tout ce qui est présenté et le ramener au domaine de l'insignifiant. Insignifiance des drames de l'homme moderne, petits et grands. Autant les drames de la grande scène de l'histoire que les drames intimes.
    Tout est ramené au même niveau d'insignifiance. Il n'y a plus aucune consolation pour l'homme moderne.

      La date/heure actuelle est Lun 20 Mai 2024, 6:54 pm

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