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    Brouillon pour Lundi... je shexpire.

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    Brouillon pour Lundi... je shexpire. Empty Brouillon pour Lundi... je shexpire.

    Message  Admin Dim 11 Oct 2009, 8:06 pm

    Acte I, Scène 3 :

    -> La mention des bourgeons de bardane, jetés nous dit-on "les jours des fêtes" semble faire référence bien que de manière parodique, car détournés de leur sens initial, aux fleurs ou au riz lancés lors des cérémonies nuptiales. Les bourgeons ne connotent en rien la chance ou le bonheur à venir, au contraire, ils métaphorisent les difficultés qui jalonnent l'existence, dans le contexte de cette scène, ils expriment les désagréments occasionnés par le sentiment amoureux.
    _ L'évocation de ces bourgeons, susceptibles de s'accrocher aux jupes des deux jeunes filles, induisent l'idée selon laquelle les sentiments amoureux représenteraient une entrave, une gêne, un fardeau pour la femme qui les éprouve.
    En ce sens, la femme constituerait une entité assujettie aux sentiments _ notamment amoureux _ ainsi qu'aux émotions qui la dominent. Cette conception s'inscrit en outre dans une tradition culturelle ancienne, que partageait déjà le monde gréco-romain.
    _ Les jupes symbolisent par métonymie la condition féminine ; en déclarant être en mesure de s'en défaire, en secouant ses vêtements, Rosalinde prouve sa capacité à s'adapter aux convenances si ce n'est à feindre et à jouer des apparences.
    Cette réplique préfigure sa transformation physique.
    _ Notons que l'individu se trouve ainsi marqué par un morcellement identitaire dû au schisme entre son aspect extérieur et ce qu'il est véritablement, à l'intérieur.
    Aussi, les sentiments relèvent de l'intériorité : S'il aisé de simuler et d'exprimer le mensonge, il paraît en revanche impossible de dire le sentiment vrai. Cet aspect renforce la situation carcérale dans laquelle sont réduites les deux jeunes filles.
    _ La mention des bourgeons parodiant les fleurs nuptiaux ou virginaux (La naissance de Vénus) participe de l'élaboration de ce processus de détournement, perversion des valeurs.
    _ Célia apparaît plus déterminée que sa cousine, son discours abondent d'arguments, traduisant par là une volonté plus forte. Elle s'en remets toutefois toujours à Rosalinde à laquelle son affection et son dévouement la soumettent. Dans cette optique, Célia semble modeler d'un caractère masculin la jeune fille.
    _ Célia invite notamment sa cousine à abandonner ses sentiments, ces derniers occasionnant de la souffrance. Cette action constitue une des premières étapes de la construction du personnage masculin bientôt adopté par Rosalinde.
    _ L'état amoureux présente un antagonisme très fort avec la raison, il est assimilé à plusieurs reprises à la folie et par là à l'affaiblissement, la fragilité constituant une autre caractéristique féminine.
    _ Notons que Rosalinde souffre par amour pour son père autant que des sentiments qu'elle nourrit à l'égard d'Orlando que de la colère de son oncle. Victime des sentiments qui l'animent, elle l'est également des hommes qui l'entourent.
    Elle est asservie à ces amours, au caprice du duc Frédérick ainsi qu'aux exigences que requière son statut de femme.
    _ L'expression usitée pour traduire la passion naissante de Rosalinde n'est-elle pas "tombée sous la coupe"?
    _ Emerge en filigrane l'idée d'une lutte des sexes, l'amour en constituant l'arme la plus féroce.
    _ Soumise, Rosalinde ne peut justifier de son inclinaison pour Orlando qu'en mentionnant l'affection que son père portait à celui de son amant. Rosalinde ne s'exprime pas encore en tant qu'individu propre, elle ne revendique ni n'assume encore un "je" qui aime et qui décide. Célia le lui fait remarquer. Ainsi, la jeune fille, est-elle de nouveau celle qui aide sa jeune amie à s'émanciper de sa condition féminine.
    _ Les difficultés ne sont pas seulement posées par "les jupes", le statut de femmes mais également par une éventuelle décision de "quitter les sentiers battus", de s'affranchir du joug paternel et des bienséances.
    L'exercice de la liberté se présente comme un danger notamment s'il est manifesté par des femmes.
    _ Les sentiments sont présentés (65)comme des entités pourvus de volonté et d'efficacité contrairement à Rosalinde dont les efforts demeurent vains.
    En effet, les rapports humains _ en particulier le rapport amoureux _ sont introduits par la métaphore de la lutte, femme et par là, faible, Rosalinde n'est pas en mesure de les affronter.
    _ La parole de la jeune fille n'est pourvu d'aucune valeur, le duc Frédérick la méprise et ne lui accorde aucun crédit quels que puissent être les arguments avancés par Rosalinde pour se défendre.
    _ Malgré son assujettissement, la jeune fille n'hésite pas à tenir tête à son oncle qu'elle accuse à son tour de traîtrise de manière implicite (66.) Elle manifeste son profond désaccord, et ce, notamment contre l'idée selon laquelle elle ne serait en tant que femme, que "la fille de son père", résultat d'influences masculines.
    C'est en ce révoltant contre cette idée, à savoir qu'elle ne serait pas un individu à part entière, qu'elle manifeste son "je", un être distinct de son père.
    _ Célia (67) n'est pas plus maîtresse de ses décisions, elle rappelle à son père que la décision de conserver Rosalinde près d'eux ne lui était pas imputable mais relevait bien du "bon plaisir" de son père.
    _ Le duc Frédérick décide et ordonne avec excès, despotique il est incarne la figure masculine poussée à son paroxysme.
    _ Ce dernier évoquent la "réserve" et la "modestie", qualités traditionnellement dévolues à une femme bonne, de Rosalinde, en précisant toutefois que ces attributs sont dévoyés au profit du caractère calculateur que dans sa paranoïa, il prête à sa nièce. Cette perversion supposée redouble cette des bourgeons précédemment explicitée, la dualité intérieur/ extérieur et le déguisement futur de Rosalinde. Celle-ci n'est pas ce qu'elle paraît être. En outre, le duc en lui refusant ces attributs féminins l'accule à quitter son rôle de femme puisqu'elle ne peut dès lors plus se reconnaître comme tel.
    _ Le duc introduit de surcroît une nouvelle dimension dans l'appréhension des rapports humains, outre l'influence que les individus exercent les uns sur les autres, ces derniers subissent une rivalité qui selon le duc, viserait à détruire le plus faible d'entre eux. De fait, il calque les rapports qui le lient à son frère aîné (voire ceux qui opposent Orlando et Olivier) sur la relation des deux jeunes filles.
    _ Sa fille Célia lui oppose le rapporte de complétude qui l'unie à sa cousine ; Rosalinde incarnant un homme, leur union n'en serait-elle que plus forte car non soumise à cette rivalité mis en avant par le duc, rivalité inhérente au rapport de deux individus du même sexe?
    _ Les couples formés de deux personnages de même sexe paraissent voués à l'auto-destruction aussi l'introduction d'une altérité constituée de deux entités _ féminine et masculine _ pourraient enrayer ce processus.
    _ Le lien quasi fusionnel qui unie les deux jeunes filles est exprimé par une comparaison mentionnée par Célia, comparant sa cousine et elle-même aux "cygnes du Char de Junon", comparaison s'il en est placé sous le cygne de la féminité.
    _ Cette dimension fusionnelle pourrait s'avérer devenir un obstacle à la maturité des deux femmes, enfermées dans un amour fraternel et féminin, aussi, le travestissement futur de Rosalinde est-il nécessaire au "Je ne puis vivre sans elle" lancé par Célia.
    _ Cette fraternité fusionnelle s'exprime notamment par la confusion opérée intentionnellement par Célia à dessein de garantir à sa jeune cousine l'a affection qu'elle lui voue en avançant que son père l'a bannie alors que celui-ci n'a en réalité chassée que sa nièce. De manière explicite, Célia décalre ne faire "qu'une" avec Rosalinde (68.)
    _ (69) Rosalinde évoque les "périls" qui menacent les jeunes femmes, livrées à elles-mêmes et sans protection aucune, prix à payer de leur liberté revendiquée. Elle fait allusion au viol, ce danger provoqué par la beauté. Les attributs de la féminité auxquels appartient la beauté physique apparaissent comme tout à fait antinomiques d'avec cette liberté, laquelle s'inscrit dès lors davantage du côté masculin.
    _ Par conséquent, la femme semble s'apparenter soit à une "héritière", un individu qui reçoit un don matériel sans avoir agit en faveur de cela, soit un être auquel il est possible de dérober un bien sans que celui-ci puisse sans défendre.
    La femme n'est pas perçu comme individu agissant mais comme un être passif auquel on prend ou bien l'on donne.
    _ Si le duc n'accorde aucun intérêt aux paroles de sa nièce, il somme clairement sa fille de se taire (67) quand il ne la traite pas de "sotte".
    _ Rosalinde est à l'origine de l'idée du travestissement de son apparence en homme car dit-elle, elle est "plus grande que la moyenne". Il est donc attendu que l'Homme domine physiquement la femme en raison de sa taille ; l'ascendant qu'il exerce traditionnellement sur elle étant de le sorte tangible.
    _ Rosalinde mentionne le "sabre sur (sa) cuisse", attribut phallique participant de sa représentation imaginaire de l'homme auquel elle s'identifie. L'épieu symbolise quant à lui le courage et la détermination (note/édition lldp) En se déguisant en homme, Rosalinde se dote également des éléments typiques de la figure masculine.
    _ Traitant les hommes de "poltrons" elle espère néanmoins en adopter "l'air martial" afin de se faire "respecter rien que par l'allure". Aussi, la jeune fille a tout a fait conscience du fait que la différence à l'oeuvre entre les deux sexes relève avant tout du jeu des apparences, futile et factice, elle n'est due qu'à cet air "bravache" que prennent les hommes au dehors. Le comportement des hommes relèverait donc de l'artifice et de la feinte. Ces derniers, pourtant aussi poltrons que les femmes enferment en leur coeur de "craintes", ne se différencieraient de ces dernières qu'en feignant le courage et un aplomb trompeur.
    Se travestir en homme reviendrait à mentir et cacher au plus profond de soi ses sentiments réels ; l'homme se réprésente donc comme un être fortement dominé par l'incohérence et l'artificialité, cette "allure" illusoire.
    _ Notons que les phrases ayant trait à ce travestissement sexuel sont des interrogations. Leur usage traduisent l'hésitation des jeunes filles face à leur projet mais également une interrogation identitaire plus profonde.
    _ Le nom choisi par Rosalinde abonde en ce sens. (69) Celui-ci fait référence à l'homosexualité et plus largement à une certaine ambiguïté sexuelle, objet des découverts ultérieures de Rosalinde.
    _ Quant à Célia, elle décide de se maintenir dans son identité sexuelle et par extension dans sa situation en choisissant le nom d'Aliéna en référence à l'aliénation dont elle est victime.
    _ Pour preuve du choix de se conformer aux caractéristiques féminines, Célia assure sa cousine de parvenir à convaincre le bouffon de les accompagner dans leur voyage en "l'enjôl(ant)", autre signe typique de la figure féminine.


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